Tirer profit de la maladie pour se lancer dans un projet associatif ou professionnel… C’est ce qu’ont fait les participantes du Salon des K.Fighteuses, qui aura lieu le 26 avril au Centre Léon-Bérard (Lyon). Rencontre avec Séverine Martin, fondatrice de l’association Dégom’crab et à l’initiative de cet événement.
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Et si le cancer pouvait être vecteur de création ? Les participantes du salon des K.Fighteuses en témoignent. Elles ont écrit un livre, créé une entreprise ou une association… et sont aussi « sœurs de combat », toutes concernées par la maladie. Si elles en sont sorties, elles n’en ont pas moins souffert. Pourtant, leur parcours est un véritable message d’espoir et d’optimisme. Car cette épreuve leur a donné le courage d’oser, la force d’entreprendre. À l’image de Séverine Martin, qui a voulu les réunir et leur donner la parole lors de ce salon, qui se tiendra ce jeudi 26 avril à Lyon.
Fondatrice de l’association Dégom’crab, ex-patiente du Centre Léon-Bérard, Séverine Martin a été diagnostiquée d’un cancer du sein en novembre 2016. Si cette nouvelle aurait pu l’anéantir, elle a préféré la prendre avec une pointe de dérision. « Des copines m’accompagnaient lors de mes chimios, elles ramenaient des perruques, des déguisements et on se prenait en photo… », raconte-t-elle. Une façon d’apporter un peu d’humour dans un traitement pourtant très lourd. « Chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie, opération… j’ai eu la totale. Aujourd’hui, je suis encore en arrêt de travail, car je vais avoir des opérations de reconstruction mammaire fin 2018 ».
« Le cancer m’a donné d’autres envies professionnelles »
Cette assistante sociale de 41 ans met à profit son arrêt pour se former à la communication et au marketing digital. « Le cancer m’a donné d’autres envies professionnelles ». En parallèle, elle crée l’association Dégom’crab en octobre 2017. « J’ai eu cette idée en remontant du bloc opératoire. On venait de m’enlever un sein alors même que ma chimiothérapie avait complètement tué la tumeur. Mais j’avais des micro-calcifications, qui rendaient le risque de récidive trop important. J’ai voulu agir à mon échelle, pour aider la recherche, et ainsi éviter à d’autres femmes de subir une telle opération », explique la fondatrice. « C’est d’ailleurs grâce aux progrès de la médecine que je suis aujourd’hui en rémission. Cette asso, c’est une façon de rendre ce qu’on m’a donné ».
Les premières actions de Dégom’crab se font dans la commune de la fondatrice, et aux alentours. Cours de zumba, thés dansants, spectacles… elle organise plusieurs événements, et reverse les bénéfices au Centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard. Autre objectif de l’association : briser les tabous autour de la maladie, et changer son image. « J’ai de plus en plus envie de me servir de l’asso pour faire passer des messages », souligne Séverine.
« Aujourd’hui, on ne peut pas sortir dans la rue chauve sans se faire dévisager. C’est tellement dommage ! Pendant mon combat, j’ai découvert des tas d’initiatives qui peuvent aider les malades et leurs familles à positiver. L’auteur de La Guerre des tétons, à travers ses BD, m’a beaucoup aidée par exemple. Réunir tout le monde sur un salon, c’est une façon de montrer qu’avoir eu un cancer n’est pas un frein… Au contraire, ça doit être considéré comme une force ».
« Aujourd’hui, on ne peut pas sortir dans la rue chauve sans se faire dévisager. C’est tellement dommage ! »
Transformer la maladie en force, voilà le conseil de Séverine Martin à l’égard des autres patientes. « J’ai eu la chance d’être bien entourée, ça m’a énormément aidée. Mais à côté de ça, j’ai continué à vivre, tout simplement. Je n’ai pas laissé la maladie m’empêcher de sortir, voir mes amis… Malgré la fatigue et les douleurs, il faut essayer de voir le verre à moitié plein ».
La jeune femme entame également un journal de bord pendant son traitement, et en fait finalement un ouvrage – Mon nibard vs Crabevador – autoédité. Une page Facebook suit bientôt, où elle raconte son quotidien avec humour, et reçoit le soutien d’une communauté chaque jour un peu plus grande. « À chacune de trouver son truc. Certaines vont peindre, fabriquer des objets ou encore monter leur boîte. Moi j’ai décidé d’écrire et de créer mon asso, pour faire bouger les choses. Il faut garder à l’esprit que, malade ou pas, vous n’avez rien à perdre ».