M. Macron : bientôt deux ans et tout ça pour ça ? 

M. Macron : bientôt deux ans et tout ça pour ça ? 

Le président Macron s’apprête à célébrer les deux ans de son accession au pouvoir et tant la révolte des gilets jaunes que le grand débat nous donnent l’impression de revenir au point de départ.

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Un court métrage de Pascale Hecquet, produit en 2016 par Les Films du Nord narre l’histoire suivante : « Un jeune pingouin trouve la banquise trop froide à son goût et décide de se rendre sous les cocotiers. Là-bas, il pourra enfin bronzer ! Mais c’est très chaud les Tropiques, et puis les fruits lui donnent la colique. Finalement, il se rend à l’évidence, le toboggan sur l’iceberg avec les copains, ce n’est pas si mal. »

Mardi 2 avril, lorsque le Premier ministre Edouard Philippe en vint à affirmer dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, répondant à une question au gouvernement : « l’exécutif s’apprête à mettre en œuvre des solutions puissantes à l’issue du Grand Débat National (…) Notre volonté est de « travailler » avec syndicats, patronats et élus locaux pour leur mise en œuvre », c’est toute la morale de ce délicieux poème pour enfant qui me revint à l’esprit.

L’ironie du Monopoly

Donc, monsieur le président tout ça pour ça. Comme le savent bien souvent les entreprises, l’herbe n’est pas plus verte dans le jardin du voisin. Mais ce n’est pas tout ! Ainsi, le président Macron s’apprête à célébrer les deux ans de son accession au pouvoir et tant la révolte des gilets jaunes que le grand débat nous donnent l’impression de revenir au point de départ.

Savons-nous si la case départ a été franchie sans encombre donnant, comme au Monopoly, l’assurance de recevoir 20 000 ? C’est flou. Ce qui est certain, mes coreligionnaires entrepreneurs confirmeront le propos, c’est que le budget s’est lui alourdi de dix milliards de charges supplémentaires et la prime Macron, injustement étiquetée ainsi par les médias (Geoffroy Roux de Bézieux l’avait pourtant signifié à Mme Martichoux (RTL) lorsqu’il lui accorda une interview), ce n’est pas le président qui a signé le chèque, mais bien les entreprises. Sans certitude aucune que cet investissement sonnant et trébuchant viendrait éteindre la colère de catégories de Français qui ne m’ont pas semblé correspondre aux profils des salariés des grands groupes ( Cf étude Acoss sur l’essentiel de ceux qui ont profité de l’initiative du président prise avec l’argent des autres).

« Les emmerdes volent en escadrilles », Jacques Chirac

Tout ça pour ça disais-je. Le président Chirac nous l’a enseigné, « les emmerdes volent en escadrilles ». Ainsi, M. Macron s’est vu contraint de déléguer à ses ministres Gérald Darmanin et Bruno Le Maire l’aveu difficile (Les Echos du 4 avril) que la nouvelle trajectoire budgétaire de la France, enterrerait les ambitions de réduction du déficit public. Après seulement deux ans, le nouveau monde abandonne une de ses promesses présidentielles les plus symboliques ; celle qui consiste à démontrer que la France n’est pas contrainte de présenter systématiquement des budgets en déficit, habitude installée depuis plus de 45 ans.

Ensuite, il s’agissait de faire de la politique autrement. Une simple évocation de L’affaire dite Benalla permet d’épargner au lecteur un argumentaire insupportable. À la source des principes du candidat Macron était gravée la promesse de ne pas se défausser sur un « virginal » haut fonctionnaire des erreurs politiques imputables à un membre du gouvernement. La « macronie » n’aurait pas recours au lampiste ou au bouc émissaire dont Raoul Girardet et René Girard ont magistralement expliqué dans leurs ouvrages respectifs que les sociétés en usent pour se cimenter politiquement. Feu le Préfet de Police de Paris Michel Delpuech pourrait témoigner que ce principe gravé au frontispice du « skyscraper » macronien s’est, lui aussi, fendu assez nettement !

Les corps intermédiaires à la rescousse

Et que dire des relations avec les corps intermédiaires. Tant de rebuffades, adressées indistinctement à M. Berger ou Roux de Bézieux, qu’ils en sont venus à se retrouver solidaires dans une amicale des nombreuses victimes des violences présidentielles. Pourtant, personne ne pourra leur reprocher d’avoir tardé à répondre aux impatiences de l’impétrant de l’Elysée. On ne pourra pas non plus reprocher à MM Roux de Bézieux et Berger leur archaïsme syndical et leur archéo-communisme économique.

Lire dans la bouche du Premier des ministres de M. Macron que le grand débat débouchera sur des solutions puissantes et y associera les partenaires sociaux m’incite à interroger. Fallait-il déployer autant d’énergie, mettre autant d’ardeur à refuser l’expérience des uns et des autres pour, finalement, tel un adolescent fugueur qui appellerait ses parents parce qu’il n’avait pas assez d’argent pour prendre le métro, chuchoter un appel à l’aide à destination des corps intermédiaires ? S’ils acceptaient, à coup sûr, on pourrait leur octroyer la médaille de la bienveillance chrétienne, célèbre religion pour avoir porté au pinacle son concept de « tendre la joue gauche ».

 

 

 

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