[A lire] Stern 111

[A lire] Stern 111

Publié le 30 septembre 2022

C’est un roman en miroir, aux reflets complexes. Un roman exigeant. On entre pas dans Stern 111 de Lutz Seiler publié aux éditions Verdier sans un certain effort. La langue, la structure sont minutieuses, presque évanescentes. On se trouve face à un grand roman, à la frontière de l’autobiographie et de la chronique sociale, un roman qui vaut pour le lecteur dilettante, la peine de s’accrocher (un peu).

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Stern 111, c’est une plongée dans l’Allemagne de l’après mur, une Allemagne forcément mouvante, instable. L’intrigue en quelques lignes :

Le Mur de Berlin vient de tomber. Inge et Walter Bischoff, un couple d’Allemands de l’Est de condition modeste, convoquent leur fils Carl et lui annoncent solennellement qu’ils ont décidé d’aller vivre à l’Ouest. Ils partiront « en éclaireurs », expliquent-ils, tandis que Carl restera « à l’arrière » pour veiller sur leur maison de Gera. Ils lui écriront régulièrement.

À vingt-six ans, Carl, qui a repris depuis peu ses études, n’habite plus chez eux depuis longtemps. Mais leur décision qui ressemble à un abandon lui révèle soudain qu’avant d’être ses parents, Inge et Walter ont eu une jeunesse éprise de liberté et de rock’n roll. De ce temps d’avant la construction du mur, le  Stern 111, un poste de radio de fabrication soviétique orné d’une étoile rouge,  reste le symbole : toute la jeunesse d’Allemagne de l’Est s’en servait pour  écouter les radios de l’Ouest.

Tout est donc jeu d’opposition subtile, vie des parents contre vie de l’enfant, rêves et réalité, Est et Ouest. Et, dans cet univers sorti de ses gonds, des êtres un peu à la dérive, lost in translation. Ce qui frappe c’est l’absence de repères, dans l’intrigue, la langue, la vie des personnages, une forme de sable mouvant. On est plongé dans ce Berlin interlope, inquiétant, fascinant, sombre aussi où seul résiste ce bon vieux poste de radio, le Stern 111 à qui le roman doit don titre.

Lutz Seiler se fait donc le romancier historien d’une époque à la fois proche et lointaine, aussi méconnue que fantasmée.

 

 

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