[A lire] Le Général Delestraint

[A lire] Le Général Delestraint

Publié le 14 avril 2023

Il y a des noms que l’on entend, au détour d’une histoire, sans réellement y accorder de l’importance. Quand on évoque l’arrestation de Jean Moulin à Caluire, on commence souvent son récit par quelque chose comme « quelques jours plus tôt, le Général Delestraint, chef de l’armée secrète, se fait arrêter par la Gestapo à Passy. » Mais dans le fond, que sait-on de ce Général et de cette armée secrète ? Admettons-le, pas grand chose. Dans son Le Général Delestraint, La Résistance : de l’Armée secrète jusqu’à Dachau, publié chez Perrin, Jean Bourcart rend donc hommage à cette figure, souvent au second plan, mais pourtant centrale. Alors qui était ce Général un peu oublié ?

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Saint-cyrien, officier d’infanterie pendant la Première Guerre mondiale, il suit les cours du Centre d’études des chars de combat après le conflit et se passionne pour cette nouvelle arme. Commandant de bataillon en Allemagne, chef de corps à Vannes, puis général à Metz, il est conduit, par ses différentes affectations, à proposer, soutenir et expérimenter une utilisation ambitieuse d’une arme blindée encore en devenir. Pendant deux ans en Lorraine, il a sous ses ordres le colonel de Gaulle, avec qui il partage une vision commune des enjeux de l’entre-deux-guerres. Quand il se retrouve à la tête d’un groupement cuirassé en juin 1940, ses talents d’organisateur et son énergie farouche forcent le respect de ceux qui le côtoient. Alors même que la France est vaincue, son dernier ordre du jour proclame crânement : « Confiance, confiance encore, confiance toujours. » 

Nous sommes donc en plein au cœur de ce petit monde militaire, issu du 19e siècle et de Saint-Cyr, avec ses codes et ses d’habitudes. A l’image d’un de Gaule, Delestraint détonne dans ce huit-clos où il est de bon ton de surtout ne rien remettre en question. Et, comme de Gaule, à l’heure du choix entre collaboration et résistance, Delestraint continuera la lutte armée dans la clandestinité. C’est donc un soldat de l’ombre, contraint de concilier une résistance multiple, aux aspirations diverses.

Jean Bourcart dresse avec brio le portrait de cet homme et de son temps, et fait revivre ce destin oublié parmi les grands noms de la résistance, un destin aussi singulier qu’universel.

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