Il faut toujours prêter attention aux sous-titres. En l’occurrence Gian Marco Griffi a choisi d’ajouter au titre de son dernier roman Chemins de fer du Mexique la mention « Roman d’aventures ». Il aurait pas aller plus loin et écrire (peut-être sans modestie), roman d’aventures aussi drôle que réussit tant cette fresque, publiée aux éditions Gallimard, est un chef-d’œuvre de maîtrise, de noirceur et d’absurde.
L’intrigue en quelques mots :
Février 1944, à Asti, dans un Piémont occupé par les nazis. Cesco Magetti, un jeune soldat sans histoires, membre de la Garde nationale républicaine ferroviaire, se voit confier une bien curieuse mission : établir en une semaine une carte des chemins de fer du Mexique. Un ordre qui viendrait des hautes sphères du Reich, inexplicablement parvenu jusqu’à lui. Tilde, rêveuse bibliothécaire dont il tombe aussitôt amoureux, lui suggère un ouvrage qui pourrait l’aider. Mais le livre est en prêt et circule de main en main tel un insaisissable furet.
Chemins de fer du Mexique c’est un roman picaresque transposé à l’époque moderne, avec tout ce qu’il faut d’humour absurde et de cynisme. Cesco Magetti prend le rôle de l’anti-héro par excellence, personnage touchant, mais sans réelle dimension, entraîné dans une intrigue qu’il ne maitrise pas, spectateur d’évènements qui le dépasse. Tour à tour amoureux, courageux, apeuré, perdu, il navigue à vue dans un monde plongé dans le chaos et le non sens. Chemins de fer du Mexique c’est aussi une narration complexe, faussement déconstruite, alternant les lieux, les locuteurs et les époques.
Au milieu de la grande histoire de la fin de la seconde guerre mondiale en Italie, entre ancien fascistes et nouveaux résistants, cette recherche absurde d’une carte du réseau ferré mexicain devient finalement l’incarnation de la fuite en avant d’un pays sans repère, à la dérive.